Mali: rapport 2006

Janvier 2006: Nous apprenons que la procédure pour l'obtention de l'accord-cadre a changé. Il faut constituer le dossier et retourner à Bamako déposer la demande d'autorisation d'exercer pour ensuite déposer un autre dossier à la CADB (Cellule d'Appui au Développement à la Base) et attendre la signature ministérielle, ce qui fera 3 aller-retour Gao-Bamako. Notre éloignement de la capitale ne facilite pas les démarches administratives.

Les distributions de lait aux enfants ont toujours lieu dans la cour de la Mairie. Nous devons remplacer notre aide Asseïta qui ne convient pas. Par deux fois, Max, un cousin de Dahra viendra spontanément dépanner Sophie. Puis, Sourghou prendra la relève. Il est imposant, mais gentil et efficace.

L'harmattan souffle en ce mois de janvier. Malgré le froid il n'y a pas d'enfants malades, à part quelques rhumes et les petits bien dodus font plaisir à voir.

L'unité de nutrition de l'Hôpital fonctionne bien et prouve chaque jour sa raison d'être. Le personnel en place est admirable et lutte dans un seul but: redonner la vie à ces enfants malnutris et les accompagner jusqu'à ce qu'ils soient autonomes, ayant atteint leur poids cible.

Février 2006: Sera marqué par la présence durant 15 jours de la présidente AAG Suisse. Dans son rapport, celle-ci relève que dans l'ensemble il y a une bonne prise de conscience de la part des dirigeants. Chacun s'accorde à dire qu'il est temps de prendre ses responsabilités et de tout mettre en oeuvre pour améliorer les conditions de vie de la population. Il faudrait seulement que cette dernière accepte de collaborer et de faire un effort dans le domaine de l'éducation, la propreté, l'hygiène et la santé. Des solutions simples et peu coûteuses existent, il s'agit simplement d'avoir la volonté de les mettre en pratique.

Elle déplore toutefois qu'un grand nombre d'enfants ne vont pas à l'école, et sont envoyés dans les rues pour mendier. C'est un grave problème qui nécessiterait que l'on s'y attarde. Quel avenir pour ces enfants à qui l'on a inculqué que pour vivre il faut tendre la main ? Malheureusement, au Mali et en particulier à Gao, ce sujet est un véritable tabou. Il faudrait que le gouvernement, comme pour d'autres pratiques tels que l'excision des filles ou le mariage précoce, reconnaisse dans cette pratique, une forme d'illégalité et d'atteinte aux Droits de l'enfant.

Pour avoir participé à deux distributions de lait dans la cour de la Mairie, la présidente reconnaît qu'il devient très difficile voire impossible de maintenir une discipline du côté des adultes. Les femmes se houspillent et se bousculent sans raison apparente. Les enfants pleurent. Il faut parfois demander aux gardes de la Mairie de rétablir le calme. Un établissement adéquat serait vraiment indispensable pour le suivi et le contrôle des enfants. Nous mettons beaucoup d'espoir dans notre projet de construction avec notre Challenge 2006.

Une grande soirée d'information sur la malnutrition, organisée par l'AAG et la DRPFEF avec le concours du Service de pédiatrie et l'unité de nutrition de l'Hôpital de Gao, a eu lieu à la Maison des Arts. Toutes les autorités de Gao étaient présentes. Musique, poème, sketchs, film, présentation PowerPoint et exposés ont sensibilisé les spectateurs à l'ampleur du problème. Les fonds récoltés seront utilisés pour remettre en état la salle destinée aux nouveaux-nés.

La malnutrition est toujours très présente, et chaque jour de nouveaux cas arrivent à l'Hôpital. Les enfants sont pris en charge par l'équipe de soins du service de pédiatrie. Il faut souligner le travail exemplaire que fait le personnel soignant. L'unité de nutrition demande beaucoup d'attention, de professionnalisme et de dévouement. Merci à Julio, Lala, Kotoum, Sidibé et tous les autres qui travaillent dans l'ombre. Quant à Sophie qui s'investit corps et âme dans ce programme, c'est tout simplement admirable. Bravo à toute l'Equipe!

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